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    Seigneulles (les doryphores)

    Pendant la guerre, les pommes de terre constituent un aliment de base, seulement les plants sont souvent attaqués par les doryphores. Ce ne sont pas les insectes qui causent des dégâts, mais leurs larves. Les œufs sont pondus à l’envers des feuilles et ces grappes jaunes donnent ensuite des larves rouges qui mangent les feuilles. Plus elles sont grosses et plus elles ont faim, si bien que les tiges s’étiolent et les plants souffrent.

    Je fais la « chasse » aux doryphores dans le jardin de mes grands parents, si possible avant qu’ils pondent. Je les « cueille » et les mets dans une boîte en fer. Quand je reviens à la maison avec mes trophées, grand-père vide la boîte sur le brasier de la cheminée ou dans la cuisinière. « Bon débarras ».


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    Seigneulles (les girouettes)

    Une particularité de Seigneulles, ce sont ses girouettes en fer. De nombreuses maisons possèdent cet ornement au faîte du toit et je les trouve magnifiques. D’autant plus qu’elles sont différentes, elles représentent différents corps de métier, je crois me souvenir qu’il y a, entre autres, un laboureur et son attelage. Je ne me lasse pas de les regarder, certaines ne bougent plus, rouillées par les ans mais d’autres indiquent encore la direction du vent.

    La beauté de cet accessoire confirme combien nos anciens avaient des goûts artistiques, de nombreux objets utiles étaient décorés, personnalisés, ils savaient joindre l’agréable à l’utile.

     


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    Seigneulles (les haricots)

    Parmi les petits travaux que j’effectue pendant les vacances, il y a la cueillette des haricots secs, les haricots verts sont déjà mis ou en bouteilles quand j’arrive le 15 juillet, sauf quelques années tardives. Grand-père déterre les tiges et les pose sur le sol, je dois enlever les feuilles restantes et faire des petits paquets que mon aïeul lie ensuite. La récolte est chargée dans le tombereau, les « grappes » de haricots sont pendues dans une partie de l’étable. Après une période de séchage, on écosse les gousses, une tâche qui n’est pas déplaisante, les grains sont ensuite conservés dans des petits sacs de toile en séparant les variétés.


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    Seigneulles (acte de mariage)

    J’ai trouvé, sur le site des archives de la Meuse, l’acte de mariage de mes grands-parents le 2 septembre 1900 à Seigneulles.

     


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  • FablesSeigneulles (les œufs)

    Dans la matinée, je vais ramasser les œufs, c’est l'une de mes tâches. Je dérange parfois une poule qui pond, grand-père me gronde.

    -Tu dois attendre qu’elle quitte le nid!

    Mais je suis tellement pressé de prendre ces œufs encore chands.

    Les premières années, dans ma précipitation, il n’était pas rare que je casse des œufs avant de les apporter à grand-mère, surtout dans l’escalier en pierre menant à la cuisine, il était raide.

    -Tu m’as fait une omelette ! Grand-mère me pardonnait mes bêtises.

    Ces oeufs frais étaient excellents à la coque également en omelette, avec du jambon.

     


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  • Seigneulles (la fontaine)

    La fontaine tient une grande place dans la vie des habitants, son eau est réputée plus pure que celle des puits, tous les habitants viennent remplir des récipients. Je suis volontaire pour cette « corvée » d’eau,  j’aime bien ce lieu situé en contrebas de la rue, il semble hors du temps, je m’y attarde souvent et j’y descends parfois quand je passe devant.

    Si mes souvenirs sont bons, les chevaux et les vaches venaient s’y abreuver en aval dans une auge en pierre?  

     


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    Seigneulles (le petit déjeuner)

    Mon lit est situé dans la même chambre que celui de mes grands-parents, juste à l’entrée de la pièce, près de la porte de la cuisine. Une porte qui n’est que rarement fermée et je n’ai pas besoin de réveil-matin. Grand-père se lève tôt, il va traire les vaches et prépare le petit déjeuner en faisant chauffer du lait dans lequel il ajoute de la chicorée, la bonne odeur de ce mélange vient me chatouiller les narines, je me lève prestement. Mon bol est prêt, mes tartines de beurre nappées de confiture aussi. C’est un rituel, grand-père s’installe en face de moi, il sort son couteau et coupe des rondelles de saucisse sur lesquelles il ajoute du beurre. Le déjeuner se fait en silence, quand grand-mère se lève, son café est prêt aussi. Nous la laissons manger et faire sa toilette, pendant ce temps, nous allons soigner le cheval, les vaches, le cochon, les poules et les lapins.


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    Seigneulles (le fauchage)

    Je suis fasciné par la dextérité de grand-père, par son  habileté à faucher l’herbe, à 13/14 ans, j’ai essayé de l’imiter sans réussite. Son geste est ample et régulier, l’herbe tendre ne plie pas, elle est fauchée à raz du sol et elle se couche en andains réguliers.

    Il m’interdit d’approcher, je dois attendre la fin du fauchage pour ramasser l’herbe et la charger dans le tombereau, elle servira à l’alimentation des lapins.  

    De temps en temps, il passe la pierre à aiguiser sur le tranchant de cet outil symbolique à plus d’un titre. Une pierre qui se trouve dans un étui fixé à sa ceinture et qui contient un peu d’eau.  

    D’un geste rapide et sur, il fait glisser la pierre en alternant les côtés, allant d’un bout à l’autre, j’ai toujours peur qu’il se coupe.


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    Seigneulles (les lapins)

    Grand-père élève quelques lapins, quand je suis en vacances, c’est moi qui les soigne, une brassée d’herbe fraîche, mais pas trop, un morceau de betterave ou une carotte. Je les connais tous et je leur donne des noms. Je suis triste quand, en raison d’une portée trop importante grand-père doit supprimer les plus faibles, je n’assiste jamais à cette scène.

    Connaissant mon attachement aux lapins, grand-mère n’en cuisine jamais quand je suis à Seigneulles, pourtant je mange avec appétit son excellent pâté.

    Je ne me rends pas compte qu’il en manque quand je reviens l’année suivante, sauf une fois, je n’ai pas retrouvé Jeannot le Borgne qui était reconnaissable, il avait une tache noire autour d’un œil.

     


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  • Seigneulles (le cimetière)

    Dans le cimetière de Seigneulles, les tombes sont fleuries toute l’année, mais sans excès, en particulier celles où reposent les défunts récents, les fleurs sont coupées dans le jardin, marguerites, dahlias, glaïeuls et autres suivant la saison. Elles sont placées dans des vases et, surtout en été, il faut remettre de l’eau afin qu’elles tiennent le plus longtemps possible.

    Depuis le décès de mon arrière-grand-mère, sa tombe est fleurie. Quand je vais chercher de l’herbe pour les lapins avec grand-père ou quand nous allons au jardin, je suis désigné pour la corvée d’eau. Ce n’est pas fatigant mais le cimetière n’est pas un endroit que je fréquente avec plaisir, d’autant plus que mon aïeul, toujours prêt à me faire des blagues m’assure que parfois les défunts  discutent et que, si la porte d’entrée grince, c’est justement pour prévenir les bavards qu’un vivant vient les déranger. Quand j’avais 5/7 ans,  afin qu’ils m’entendent arriver, je manœuvrais plusieurs fois la porte avant d’entrer.

     


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  • Seigneulles (les farces de grand-père)

    Grand-père aime raconter des histoires, il aime aussi faire des farces, une m’a particulièrement marqué et je l’ai encore en mémoire.

    Je suis un petit curieux et, quand je reviens du jardin ou d’une promenade avant midi, j’aime connaître le menu du déjeuner. L’odeur du plat qui mijote sur la cuisinière me donne une indication mais, pour avoir confirmation, je soulève le couvercle de la cocotte.

    Une fois, en soulevant un couvercle en fonte, une poule vivante s’est échappée du récipient, j’ai eu une sacrée peur.

    Grand-père était heureux d’avoir réussi son coup, quant à grand-mère elle a sermonné son mari.

    -On n'a pas idée de faire peur comme ça à un gamin.

    La poule aussi a eu la peur de sa vie, elle a filé vers la grange en caquetant.  


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  • Seigneulles (le pain)

    Le pain est l’aliment le plus considéré, il est indispensable à chaque repas, c’est encore souvent le cas actuellement mais sa consommation a baissé. Durant l’occupation, les boulangers éprouvent des difficultés à avoir de la farine de blé, quand ils en ont, elle contient une grande proportion de son, sinon il y a la farine de seigle et même de maïs, ce qui donne des pains indigestes. Le boulanger de Seigneulles s’efforce de satisfaire ses clients et, c’est vrai que son pain est meilleur que celui d’Aubréville.

    Les grosses miches sont courantes, la baguette est un luxe. Le pain est placé dans une huche en bois bien fermée pour éviter la visite des souris.

    C’est le chef de famille qui coupe le pain et c’est un rituel.

    Grand-père sort son couteau de la poche, fait une croix au dos de la miche avant de l’entamer (pourtant ce n’est pas un dévot), il coupe les tranches suivant les besoins. Il n’y a pas de perte, le pain rassis est utilisé en pain perdu.  


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    Seigneulles (la halette)

    La troisième photo de Michel Lardenois présente une femme coiffée d’un chapeau de toile, l’un des modèles porté en Lorraine et en Champagne que l’on appelait bagnolet ou bavolet.

    La halette est plus couvrante à l’arrière et comporte des sortes de baleines en bois. J’ai trouvé une description sur Internet.  

    La halette : pièce la plus fonctionnelle de l’ancien costume lorrain. Le fond est constitué par un cercle de tissu froncé sur les bords et sur lequel s’adapte le bandeau initial. Le tissu peut-être maintenu par des planchettes de bois très léger. Très emboîtant, il protège parfaitement des ardeurs du soleil.

    Les dames d’un certain âge portaient cette coiffe en été, pour aller aux champs ou quand elles se réunissaient dehors pour tricoter, coudre et broder, la bordure souple, agitée par le vent, faisait office de ventilateur, la clim n’est pas une invention récente…


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    Seigneulles (La carriole)

    Une autre photo de Michel Lardenois avec la fameuse carriole utilisée comme moyen de transport par les agriculteurs, c’était un vrai cabriolet « décapoté » tiré par un cheval. Un siège en bois, aucun amortisseur, les personnes aux fesses fragiles devaient mettre un coussin et, quand il faisait froid, une bonne couverture sur les jambes.

    La carriole servait durant la fenaison et la moisson pour transporter les femmes et les goûters dans les champs, mais aussi pour aller à Bar, chez des parents pas trop éloignés, à l’occasion de communions, de baptêmes et d’enterrements. C’est ce genre de véhicule qu’utilisait mon grand-père pour venir me chercher et me reconduire à Rosnes.

    Aucun risque de crevaison, un moteur non polluant à part quelques crottins, pas besoin de permis et pas de PV pour excès de vitesse, même si de temps en temps le cheval se mettait au trot, secouant les passagers.    


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    Seigneulles (la moissonneuse)

    Michel Lardenois, que je remercie, m’a envoyé trois photos anciennes, me donnant l’autorisation de les publier. Voici la première représentant une moissonneuse-lieuse. C’était déjà une machine imposante, ancêtre des monstres d’aujourd’hui. Son passage dans les rues était remarqué, l’encombrement et le bruit des roues métalliques. Et encore, l’encombrement était réduit pour faire la route, à l’arrivée au champ, pour moissonner, elle subissait un quart de tour. Les tiges de céréale coupées tombaient sur une toile horizontale, puis entraînées sur une autre toile oblique avant de descendre vers le lieur.

    J’aimais regarder le mouvement du lieur. Dès qu’une quantité suffisante de tiges était bloquée contre un taquet, un bras venait lier la gerbe qui, aussitôt faite, était éjectée sur le sol. Les gerbes tombaient toujours à plat, toutes dans la même position et de même grosseur, les femmes et les jeunes les ramassaient pour les mettre en tas. La bobine de ficelle était placée dans un étui. L’engin était tiré par trois ou quatre chevaux, suivant la configuration du terrain. Le siège du conducteur était en fer, percé  de trous, le support, en fer également avait, pour amortir un peu les chocs, une certaine élasticité, c’était le même modèle que pour les autres machines.     


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     Seigneulles (ma filiation)

    Je reviens sur mes ancêtres nés à Seigneulles à partir de Nicolas Degyée né  le 4 août 1758, marié le 19 janvier 1790 et décédé le 3 février 1825. Ensuite sa fille Marie-Anne née en 1804 se marie avec Etienne Maginot le 13 janvier 1824, ils ont une fille, Françoise, la même année le 2 octobre (Un peu en avance ?). Françoise épouse Charles Chanot le 30 décembre 1849, leur fille Marie est née le 25 mars 1859, il y a 152 ans, c’était la mère de ma grand-mère et je l’ai connue.

    L’acte de naissance de Nicolas Degyée ci-dessus en photo, repris ci-dessous.

    Nicolas, fils légitime de Nicolas Degyée le Jeune et de Marie Maginot son épouse est né le quatre et baptisé le cinq août mille sept « cens » quarante huit ; il a pour  parrain Jean Maginot, fils de Jean Maginot et de Anne Degyée, pour marraine, Françoise Degyée, fille de Jean Degyée qui a déclaré ne pas savoir signer.

    Comme vous pouvez le lire, le « petit » Nicolas avait le même prénom que son père et probablement que son grand-père.

     


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  • Bar

    Seigneulles (Bar)

    Pendant mes vacances à Seigneulles, je vais au moins une fois à Bar-le-Duc, accompagnant Marraine. C’est le cousin Bonamy qui nous transporte dans sa camionnette et cette sortie, programmée longtemps à l’avance, est attendue avec impatience.

    Marraine a une liste de commissions pour elle mais aussi pour mes grands-parents, des vêtements et des objets qu’on ne trouve pas chez madame Adèle.

    Le voyage me parait long à aller, plus court au retour et j’ai beaucoup de choses à raconter à mes grands-parents. A Seigneulles, on ne disait jamais Bar-le-Duc, mais seulement Bar. C’était pour moi l’équivalent de Verdun où j’allais plus souvent mais j’avais une nette préférence pour le chef-lieu du département que je trouvais plus agréable. Je me souviens du boulevard de La Rochelle, avec ses nombreuses boutiques et surtout d’excellentes pâtisseries dégustées sur place.  

     


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  • Seigneulles (la météo)

    Pour connaître les prévisions métrologiques, il n’y a pas de bulletins à la télévision, d’ailleurs il n’y a pas de télévision. Les prévisions à la radio sont assez vagues et les anciens n’y croient pas vraiment, d’autant plus qu’eux-mêmes sont d’excellents météorologues. Grand-père ne se trompe jamais quand il annonce la pluie un ou deux jours à l’avance, il se base sur plusieurs éléments qui vont de la douleur qui se réveille aux cernes de la lune en passant par le comportement des animaux. Il est capable de dire si l’averse sera de courte durée ou si, au contraire, si le temps maussade va persister plusieurs jours.

    Les plus jeunes du quartier lui demande souvent son avis sur le temps qu’il va faire, c’est bien utile pour les travaux des champs. Il n’est pas le seul ancien à être consulté et les informations se recoupent.


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  • Seigneulles (les jeunes à la ferme)

    Dans les premières années de mes vacances, je joue avec des petits copains, quelques filles se mêlent à nos jeux. Mais, en avançant dans l’âge, les garçons ne jouent plus dans la journée, ils sont occupés dans les champs et à la ferme. La moisson est une activité qui demande beaucoup de main-d’œuvre avec en particulier la mise en tas des gerbes. Il m’arrive d’accompagner un copain pour ce travail, ce n’est pas trop fatiguant mais il faut savoir placer les gerbes afin qu’elles tiennent debout.

    Après une séance de ramassage de gerbes, j’ai les chevilles griffées par les éteules, malgré les chaussettes. Mais le pire ce sont les chardons et, en rentrant à la maison, j’ai recours à grand-mère qui, avec habileté et une aiguille pointue passée à la flamme, m’extirpe les intrus.        

     


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  • Seigneulles (les restrictions)

    Durant l’occupation, les habitants de Seigneulles ne souffrent pas trop des restrictions, surtout dans le domaine alimentaire, à part le café et le sucre qui sont rares, souvent remplacés respectivement par de l’orge grillée et de la mélasse. Chaque famille élève un cochon, des poules et des lapins et cultive un jardin. Les cultivateurs ont le lait et la viande, les femmes fabriquent des fromages blancs et de la cancoillotte. Des gens de Bar viennent s’approvisionner en produits de la terre, parfois des échanges se font, les pneus de vélo sont très demandés au village ainsi que d’autres produits et accessoires.

    Les fumeurs sont un peu restreints, mais les non-fumeurs échangent leurs tickets de rationnement contre d’autres.

    La ficelle de lieuse est de mauvaise qualité, c’est un genre de carton étiré et tressé, elle casse souvent, cela complique le travail des moissonneurs. 


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