• Contes

    Seigneulles (les puits)

    Pour moi, les puits sont une curiosité, il n’y a aucun puits à Aubréville, seulement des abreuvoirs et des bornes. A Seigneulles, on en dénombre plusieurs, situés dans différents quartiers. Je connais surtout celui qui se trouve devant la fermette de mes grands-parents. Quand j’avais 6/7 ans, grand-père me recommandait de ne pas m’en approcher.

    -Une vilaine sorcière vit au fond, si tu te penches elle pourrait te tirer par les cheveux.

    Je l’évite, passe au large, sans vraiment croire aux histoires de sorcières, j’ai tout de même la crainte de tomber dans cet énorme trou mystérieux.

    Plus tard, j’ose me pencher au-dessus, je vois mon visage se refléter dans l’eau. Quand je suis assez grand et fort, je vais puiser des seaux dans ce puits. Il faut freiner pour la descente mais, pour remonter, ce n’est pas si facile et il arrive que je lâche la manivelle. Grand-père s’en amuse puis vient à mon secours.

    Je connais aussi le puits situé en face de chez Marraine Augusta, le niveau de l’eau est nettement moins profond.


    votre commentaire
  • Contes

    Seigneulles (les artisans)

    Outre les commerçants, il y a quelques artisans à Seigneulles. Je me souviens en particulier d’un menuisier, son atelier est installé près de la fontaine, je passe souvent devant chez lui et je m’arrête pour le regarde travailler. Il fabrique des meubles mais aussi des cercueils, quand c’est le cas, je ne m’attarde pas. Je crois me souvenir qu’il y avait un autre menuisier-charpentier dans le village, avec qui nous avons des liens de parenté (M. Nahant). Il y a aussi un ferblantier, il a un dépôt situé en face de l’église, la dernière maison à gauche en sortant (M. Blanchard ?), il fabrique et répare des chenaux, travaille la tôle, il fait également de la plomberie il me semble. Naturellement, un personnage important pour les cultivateurs, c’est le maréchal-ferrant (le marchaux). Sa forge se trouve rue de l’Eglise, je vais le voir travailler, surtout quand il ferre un cheval mais j’ai toujours peur quand il cloue le fer qu’il  blesse l’animal.


    3 commentaires
  • Contes

    Seigneulles (le magasin d’Adèle)

    Parmi les commerces de Seigneulles, mon préféré est évidement l’épicerie de madame Adèle. La porte, munie d’un carillon qui annonce l’entrée d’un client, s’ouvre sur un escalier, le magasin est en contrebas et relativement obscur, éclairé par une petite fenêtre à hauteur de la rue.

    Une odeur particulière flotte dans cet endroit, celle des épices se mélange à celle des légumes vendus en sac. Je fais souvent les courses pour Grand-mère et Marraine, comme récompense, j’ai la permission d’acheter des bonbons. Madame Adèle, en rajoute souvent. Elle est dans son élément, elle ne doit pas faire de gros bénéfices mais c’est sa vie.  

    Il faut parfois attendre, les clients et surtout les clientes bavardent, pour me passer le temps, je « touille » dans les sacs de pois, de lentilles et de haricots, la patronne me laisse faire.   

     


    4 commentaires
  • 1000 visites

    Le chiffre des mille visites vient d’être atteint après seulement une vingtaine de jours d’existence, un résultat inespéré pour un blog aussi spécifique. Je constate avec plaisir qu’en plus de ceux qui y habitent, Seigneulles à une bonne audience à l’extérieur, j’ai reçu quelques messages directs qui confirment cette analyse.

    N’hésitez pas à laisser des commentaires, vous pouvez le faire de façon anonyme.

    Un grand merci à vous toutes et tous.

     

     Contes

     


    votre commentaire
  • ContesBonjour amis lectrices et lecteurs, je vous propose, en plus de mes souvenirs, la lecture de quelques contes que j’ai écrits en m’inspirant de la vie rurale d’antan, j’espère qu’ils vous plairont, voici le premier, j’aimerais avoir votre avis, merci.

     

    Le Hibou frappeur

     

    Guillaume se dressait sur son lit comme un ressort.

    -T’as entendu, on a frappé aux volets !  Fernande se retournait et grognait,

    -Voilà qu’tu fais des cauchemars maintenant ».

    Quand sa femme dormait, Guillaume évitait pourtant de la réveiller car elle était de mauvaise humeur. Il tendait l’oreille, plus rien, ce devait être dans son rêve.

    Le lendemain matin, Guillaume interrogeait sa fille.

    -T’as rien entendu, sur le coup de dix heures ? 

    Huguette était comme sa mère, le matin, il était préférable de ne pas la bousculer.  

    - La nuit, moi je dors.

    La nuit suivante, à nouveau des coups répétés.

    -C’est chez la gamine.

    Cette fois Fernande avait entendu.

    -Oui, t’as raison, regarde-voir ».

    La fenêtre de la chambre d’Huguette donnait sur le côté, pas facile de voir.

    -Allez dors mon Guillaume, demain une grande journée nous attend.

    Un jour important chez les paysans, ils tuaient le cochon.

    L’esprit frappeur ne s’était plus manifesté pendant trois nuits et voilà que ça recommence.

    Guillaume questionnait sa fille.

    -Cette fois ne me dis pas que tu n’a rien entendu »

    Huguette souriait béatement et s’étirait comme une chatte. « Comme sa mère au début de leur mariage, quand les nuits étaient animées », pensait Guillaume « Faudra qu’on pense à la marier ».

    La nuit suivante, à nouveau des bruits, Guillaume se levait prestement et frappait à la chambre de sa fille.

    -Tu as entendu cette fois » ?, questionnait le père à travers la porte.

    -Oui, j’ai regardé, c’est un hibou, avec des gros yeux, il m’a fait peur ! »

    Le calme était revenu à la ferme, le hibou frappeur avait probablement changé de quartier.

    Un soir, en revenant de chez les Feuillette où il avait tiré un veau, Guillaume aperçoit une forme noire collée au mur de la grange. Courageux, il fonce sur cette ombre qui s’échappe en agitant sa pèlerine et en hululant.

    J’ai vu ton hibou hier soir ma fille, est-ce qu’il sort aussi le jour ce nocturne, dis-lui qu’il vienne me voir, j’aimerais lui causer.

    Huguette sautait au coup de son père.

    -Il doit venir avec des gants blancs » ?

    - Il n’a jamais pris de gants pour venir dans ton lit je suppose.

    Le jour du mariage, Fernande clamait partout que sa fille avait réellement droit à sa robe blanche.

    -Pas comme certaines.

    Guillaume riait sous cape, il savait qu’un hibou avait trouvé sa fille chouette.


    votre commentaire