• Seigneulles (J’y pense sans cesse)

    Depuis notre retour à Aubréville, je suis triste, l’ambiance est bien différente de celle de Seigneulles, que ce soit dans le village et à la maison. Des soldats Allemands réparent le pont et la ligne du chemin de fer, le soir ils défilent dans les rues, musique en tête et ils obligent les habitants à les regarder passer.

    Mon père souffre terriblement de ses blessures, il me les a montrées, c’est affreux, il dort mal la nuit et son caractère s’en ressent.

    Je pense sans cesse à mes grands-parents, à marraine, je leur envoie des lettres, ils me répondent. Je pense à Seigneulles, j’aimerais tant y retourner. Heureusement, l’école reprend le 1er octobre et cela me donne une occupation. 

     


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  • Seigneulles (en notre absence)

    J’ai parlé d’un soldat Français fait prisonnier à Seigneulles le 16 juin 1940, alors que nous étions sur la route du retour, je viens de retrouver un renseignement qui recoupe cette information, un récit concernant une compagnie de chars. Comme vous pouvez le lire, cette formation a livré bataille à Aubréville, mon village natal, je me souviens de plusieurs tombes provisoires dans le cimetière, les corps ont été restitués aux familles après le Libération. Etrange coïncidence, c’est sur le territoire de Seigneulles que, pour ce qu’il restait de la compagnie, la guerre s’est probablement terminée.

    ….Pendant ce temps, le 14 juin, la 2ème compagnie de chars, sous les ordres du Capitaine FRUHINSHOLZ et la 3ème compagnie, commandée par le Lieutenant GEORGES, sont engagées pour former bouchon à AUBREVILLE au Nord de CLERMONT-en-ARGONNE. Les deux compagnies trouvent devant elles une violente défense antichar, bien organisée, qui s'oppose à leur progression.

    (Sept chars ont été détruits, une dizaine de soldats Français ont été tués dans cette bataille)

    Le regroupement du 43ème B.C.C. s'opère dans le Bois de PIERREFITTE ; la 1ère Cie reçoit 4 chars de remplacement et un char indisponible. Le 43ème Bataillon appuie le 14ème G.R.C.A. à ERIZE-la-BRULEE à 7 kilomètres au Sud-Ouest de PIERREFITTE. Le bataillon a récupéré à SEIGNEULLES des éléments de la 1ère Compagnie du 67ème B.C.C., sous le commandement du Capitaine LAPICHE, avec 3 chars D 1 qui lui restent ; ils viennent de NETTANCOURT où ils ont retrouvé la camionnette M 40225 armée d'une mitrailleuse Hotchkiss avec comme chef d'équipage le Sergent Roger VINCENT de la 2ème Compagnie et les chasseurs FLECK, CACHALOU, MUNEZ et GUILLEMINOT.


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  • Seigneulles (au revoir)

    Le retour à Aubréville est prévu, ma mère n’a eu aucune nouvelle de mon père, elle suppose qu’il a été fait prisonnier comme son frère, Louis Martin et d’autres hommes du village.

    (Il reste quelques semaines avant la date des grandes vacances, mais il me semble que l’école de Seigneulles n’a pas été rouverte, sinon j’aurais repris les cours, l’instituteur n’était probablement par revenu)

    Quelques jours après le retour de l’exode, nous apprenons que mon père a été blessé et qu’il est dans un hôpital de Nancy, ma mère va le voir, il est sauvé, malgré de graves blessures à une jambe et à un bras. J’aimerais prolonger mon séjour à Seigneulles, au moins jusqu’à la rentrée mais ma mère est inflexible.

    -Quand ton père va rentrer à la maison, je veux que tu sois avec nous, sinon il serait déçu, j’espère que tu comprends.

    Après quelques jours de repos, nous reprenons la route d’Aubréville, véhiculés par le cousin Bonamy dans sa camionnette qui pue le cochon.    


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  • Seigneulles (Oncle Germain)

    Oncle Germain Wallesch est un homme grand, fort et calme, il a un accent chantant comme la plupart des habitants de Seigneulles. Il a été grièvement blessé, je pense que c’est à la guerre, il a eu un avant-bras arraché, il porte une prothèse. C’est une sorte de pince qui, quand j’étais gamin me faisait un peu peur. Avec cet accessoire il parvient à effectuer des  travaux, j’étais étonné de sa dextérité. Je l’accompagne et l’aide au jardin, pour pallier son handicap, il a modifié des outils, il a également aménagé les portes de sa fermette.


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  • Seigneulles (la vie reprend)

    Nous pensions voir des soldats Allemands comme à Vavincourt, heureusement, il n’y en a pas, l’avantage d'être à l'écart d'une route nationale*.

    Le rythme du village reprend, les cultivateurs essayent de rattraper le temps perdu mais il manque des hommes, prisonniers, dont mon oncle Louis Martin, courageusement, les femmes et les anciens les remplacent, grand-père n’est pas en reste, il passe une grande partie de ses journées à la ferme de la rue de Rumont pour aider ma tante et M. Maginot.

    Le cauchemar de l’exode s’estompe rapidement, il n’y a pas de cellules psychologiques pour remettre les idées en place, manger à sa faim et dormir dans un bon lit suffisent.

    Grand-mère, tante Zoé et l’arrière-grand-mère ont repris leurs bonnes habitudes, elles se réunissent à nouveau près du puits avec d’autres vieilles dames du quartier pour coudre, tricoter et bavarder.            

     

    * J’ai découvert sur Internet que des soldats Français avaient été faits prisonniers à Seigneulles, ils pensaient probablement être en sécurité.

     

    CLEMENT Rémy, né le 27/06/1919 à Bouillé-Courdault (Vendée) a été affecté à la 4ème compagnie du 123ème régiment d'infanterie du 7/04/40 au 15/06/40,  fait prisonnier à SEIGNEULLES (Meuse) le 16/06/40,  puis détenu à la caserne Oudinot de BAR LE DUC.


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