• Il suffit quelquefois d'une simple étincelle pour embraser tout un quartier, il suffit quelquefois d'un tout petit détail pour faire jaillir une idée lumineuse. Benoît adore les pommes et vient me rendre visite, croquant une golden à pleine dents,  le voyant savourer ce fruit avec délice, il me rappelle Simon, le clerc de maître Cochet, quand il est venu me présenter la maison de Morigny, lui aussi croquait dans la chair d’une énorme pomme, et le morceau moisi trouvé dans la voiture d'Anne pourrait avoir les mêmes incisives? Une piste sérieuse, enfin je me fais peut-être des illusions, les mangeurs de goldens sont nombreux, est-il également fumeur?

    L'adjudant Cavalier me trouve un peu encombrant, il est vrai que je lui rends souvent visite.

    - Vous m'avez oublié?

    - Nous n'avons rien de spécial à vous apprendre.

    - Le papier, l'avez-vous récupéré chez le notaire?

    - Non, nous attendons toujours la confession de monsieur Desbois, pour le moment, il nie avoir eu ce document en mains, sa maîtresse l'avait mis en garde, elle avait entendu des bribes de la conversation de son mari avec un interlocuteur et n'avait retenue que les menaces proférées, il pensait donc que le mari trompé voulait se venger,  la peur au ventre, la crise est survenue, il n'était pas au courant du coup de feu, d'après lui, qui croire en ce qui concerne la dette? monsieur Salvati nous a donné la version que vous nous avez rapporté.

    - Ce billet est la clé de l'énigme, croyez-moi.... et les mégots, qu'en pense votre capitaine?

    - La même chose que moi, que la dame a véhiculé un auto-stoppeur.

    - Et le tireur?

    - Nous avons quelques petits indices qui peuvent nous conduire à une piste, trop tôt pour étaler ces renseignements dans votre journal, le capitaine Henry se demande si le coup de feu a un rapport avec cette histoire de source, de disparition et de dette, nous cherchons donc également dans une autre direction, Salvati n'a pas que des amis dans sa profession, il a une réputation d’homme d’affaire sans pitié.

    - Oui mais de là à tuer?

    - Monsieur Passy,  vous savez parfaitement qu'actuellement, dans ce monde moderne, certains gestes fous sont hors de proportion avec le motif.

    Il a raison, nous rencontrons de plus en plus des simples bagarres d'automobilistes qui tournent aux drames, des mouvements d'humeur aux conséquences terrifiantes en regard d'une cause anodine.

    - Je pourrais rencontrer votre chef?

    - Pourquoi vous n'avez pas confiance en moi, ce n'est pas chic, il ne vous dira rien de plus, c'est une tombe cet homme.

    - Vous avez toujours mon morceau de pomme.

    - Oui, dans un congélateur, c'est vous dire que nous sommes conservateurs

    Comme je suis à Avigny, je passe à l’étude de maître Cochet,  c’est  son clerc qui me reçoit dans son bureau,  je constate qu'aucun cendrier ne figure parmi le bric-à-brac que j'ai devant les yeux.

    - Une autre maison à vendre à Morigny? depuis que vous écumez ce village vous devriez savoir si d'autres maisons sont à vendre?

    L’homme  se fiche de moi, je m'en rends compte et je bats en retraite.

    Je tourne en rond dans cette affaire, Jean-François ne cesse de me casser les pieds avec son bonheur perdu, maintenant qu'il sait que ses chances sont nulles, il envisage d'aller retrouver son épouse, qu'il se dépêche car la belle brune risque de s'évaporer, heureusement  Simone reste toujours égale à elle-même, je dois me bagarrer à chaque passage pour ne pas embarquer un marché ambulant, ses quatre poules doivent avoir un  sacré rythme de ponte et son jardin fabrique des salades et des haricots en une nuit. Madame Parély est soulagée d'avoir appris que sa bru ne vit pas en recluse..... ou plutôt elle a enfin la confirmation de ce qu'elle supposait depuis longtemps; elle est persuadée que tout va s'arranger, qu'elle va récupérer son tas de cailloux, que les assassins de sa fille vont être démasqué,  la seule chose qui lui fait mal c'est qu'Anne ne reviendra jamais plus sur cette terre

     

    Je reçois du courrier, sous le regard jaloux de mes collègues qui ont souvent la portion congrue, je sais, ma rubrique est populaire, populiste ajoute Jean-Yves, le  spécialiste de la politique.

    Les lettres anonymes reviennent par périodes, c'est quelques fois amusant, d'autres fois excitant et également énervant, jamais déprimant comme certaines voudraient l'être, je sais par expérience que c'est souvent l'œuvre de malades, de refoulés, de bannis et je leur pardonne. Celle que je reçois aujourd'hui est intéressante, mon correspondant dont je devine le secteur d'origine puisque la missive a été postée à Mareilles, m'informe d'une  seule phrase que:  la vérité est au fond d'un puits, très fin comme allusion, un lettré sans aucun doute, en relisant plusieurs fois cette déclaration sibylline, je lui trouve différents sens mais j'opte pour celui qui m'est venu de suite à l'esprit, et si le corps d'Anne était enseveli sous des tonnes de gravats et un bouquet de géranium-lierre?

    Bien entendu, la phrase a été composée avec des mots découpés dans un livre ou un dictionnaire, pas facile pour ne pas dire impossible à identifier.


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  • Les deux clans

     

    Les Verdier et les Chaudrin n’étaient pas en bons termes, c’est le moins qu’on puisse dire. La discorde entre ces deux familles d’agriculteurs et propriétaires terriens avaient des origines lointaines et obscures. Chez les Verdier, on accusait les Chaudrin d’avoir spolié des terres, en face, les accusations portaient sur un vol de bétail. Des motifs graves qui provoquaient, de génération en génération, quelques heurts. Jean Verdier et Charles Chaudrin, les patriarches s’étaient déjà frictionnés plusieurs fois le jour de la St Martin. Les fils, Bernard Verdier et Maurice Chaudrin s’étaient également battus dans leur jeunesse ; devenus adultes, ils étaient un peu moins virulents mais, lors de rencontres imprévues, les insultes fusaient de chaque côté. Les deux fermes étaient d’égale importance, plusieurs champs étaient voisins et les litiges portaient souvent sur un empiétement de l’un ou de l’autre. Ils s’accusaient mutuellement de déplacer des bornes, ce qui était le summum de la vilenie. Cette animosité était également tangible chez les femmes, mais c’était plus insidieux, Anne, épouse de Bernard Verdier calomniait Odette épouse de Maurice Chaudrin, la réciproque était de mise.

    C’est dans ce contexte qu’avaient vécu Annette Verdier et Roger Chaudrin et, de la maternelle à l’école primaire, ces deux jeunes suivaient le mauvais exemple en se lançant des piques et parfois des injures. Mais le destin est parfois malicieux, quelques années plus tard, un jour de Pentecôte, alors qu’Annette descendait en vélo du plateau St Martin où se tenait la fête traditionnelle, elle dérapait sur les graviers et chutait. Le premier sur les lieux de l’accident était Roger ; en bon chrétien, il ne pouvait faire autrement que de s’occuper de la blessée. Epongeant le sang qui coulait des genoux de la demoiselle, le jeune homme découvrait un paysage agréable et il était ému. La jeune fille n’était pas insensible aux soins prodigués si gentiment, elle récompensait son sauveur en l’embrassant, c’était le début d’une idylle. Conscients qu’un tel rapprochement entre les deux clans risquait de provoquer un drame, les jeunes gens étaient discrets, mais leurs sentiments allaient crescendo et ce qui devait arriver arriva. Annette ne pouvait se confier qu’à sa grand-mère Marie. Après quelques remontrances, l’aïeule promettait d’arranger les choses.

    -Avant d’en parler dans la famille, je vais voir Simone, la grand-mère de Roger, nous étions amies avant notre mariage.

    Les deux grands-mères réussissaient à convaincre leur tribu respective mais ce ne fut pas sans mal. Il ne fallait plus tarder, le mariage eut lieu trois mois avant la naissance de Jean-Charles Verdier-Chaudrin, l’enfant de la concorde.


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  • Bien gentil, le pépé,  mais je n'ai pas envie de parler de l'air ni de débiter des paroles oiseuses; et sa bonne air dont il chante les louanges, est un peu parfumée aux vapeurs d'ensilage et aux effluves de lisier.

    - Et puis nos belles fleurs, au moins mon remplaçant, il augmente les impôts mais il nous embellit.

    Je n'avais pas remarqué un autre puits agencé de la même façon que celui proche de la fermette de Jean-François, c'est vrai, intelligente reconversion.

    - Ils ne servaient plus à rien, nous avons l'eau courante depuis onze ans, c'est vous  dire et puis au moins personne n'a plus envie de se foutre dans le trou.

    - Pourquoi, cela arrivait?

    - Au moins une fois par an, dès fois plus, remarquez ils n'étaient pas tous morts, ce puits n'était pas assez profond, ceux qui se balançaient dedans le savaient, ils risquaient tout juste quelques bosses et en s'y prenant bien, ils n'avaient pas même une égratignure, je me souviens d'une bonne femme, quatre fois qu'elle a fait le saut, en toute impunité, elle voulait faire chanter son mari et vous savez quoi, elle est tombée de  deux marches devant chez elle et elle a eu le crâne fracassé, morte sur le coup.

    - C'est pas son mari qui en a eu marre d'aller la repêcher?

    - Ah  c’est des malins les journalistes, c'est ma foi vrai, pas méchamment qu'il l'a poussé, juste pour rire un brin.

    - Et les autres puits étaient plus dangereux?

    - Celui du haut, terrible, plus de vingt mètres de descente et deux à six mètres de flotte suivant les saisons, pas question d'y réchapper, une jeune fille à été sauvée de justesse, les autres couic... et celui du Bavolet, derrière la mairie, il a été comblé en 60, un fou avait jeté son gamin dedans et l'avait suivi, il valait mieux ne pas  le laisser ouvert, la  mère voulait s'y précipiter à son tour... chaque puits avait une histoire, je pourrais vous en raconter pendant des heures.

    Je ne sais pas si l'ancien affabule ou si ses histoires sont réelles mais il me tient en haleine, une belle idée de reportage encore, les pauvres citadins enfermés dans leur béton  et leur asphalte seraient friands de contes extraordinaires, il faut faire vite, bientôt ces vieux témoins vont disparaître, puis les légendes, puis les souvenirs, puis les maisons, puis les villages, puis notre mémoire.

     

    Jean-François a un air interrogateur, il se doute que je viens d'apprendre une nouvelle désagréable le concernant, je ne dis rien, je laisse le soin aux femmes d'avouer et de consoler, elles sont spécialisées.

    Comme promis, Hervé me donne les coordonnées de son copain géologue, il lui a communiqué les résultats de son analyse, je l'appelle.

    - Il était temps, je pars dans huit jours pour l'Afrique du sud, je viens de signer un contrat de trois ans avec une compagnie minière; j'ai lu le rapport d'Hervé, une eau qui a traversé de nombreux sols  différents, il est certain qu'en profondeur, elle doit avoir  une composition nettement plus pure, telle qu'elle se présente actuellement à la sortie de la source, elle n'obtiendrait probablement pas l'agrément, les nitrates sont véhiculés par les eaux de ruissellement qui viennent se mélanger; un prélèvement souterrain donnerait une autre structure et de ce fait un agrément possible.

    - A quelle profondeur?

    - Difficile à évaluer sans connaître la nature du terrain, Hervé m'a indiqué l'endroit du gisement, c'est une région tourmenté sur le plan géologique avec de grosses variations de structure rocheuse.

    Je reste un peu sur ma.. soif mais je n'ai pas les moyens de creuser un puits pour aller chercher quelques verres d'eau dans le ventre de la terre.

    ……………


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  • La pomme de terre

    La pomme de terre

    L’une des bases de l’alimentation pendant la guerre et encore durant les décennies suivantes, c’est la pomme de terre. Quand le jardin potager n’est pas assez grand, elle est cultivée dans les champs par les agriculteurs mais également par d’autres. Moyennant quelques heures de travail en échange, le propriétaire met un lopin de terre à disposition de l’ouvrier, de l’artisan et du retraité.

    L’arrachage de la pomme de terre est un moment important, il y a parfois des surprises, soit une bonne récolte avec un excellent rendement, soit au contraire une déception, les tubercules ne se sont pas tellement développés par manque d’eau.

    L’arrachage s’effectue au croc et il faut avoir le coup de main pour éviter de piquer une pomme de terre, si l’accident se produit, l’accidentée est mise de côté, elle sera consommée en priorité. Après un séchage sur le sol, un triage est opéré, certains formats sont réservés pour la semence de l’année suivante, d’autres, les plus petites, serviront à l’alimentation du cochon. Le principal de la récolte est mis en sac et descendu à la cave dans un bac en bois, normalement la réserve est suffisante jusqu’à la prochaine saison.

     


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  • Durant le trajet vers Châlons-sur-Marne, Jean-François ne cesse de me parler de Sophie.

    -Elle a toute les qualités cette jolie dame, tu penses que j’ai des chances ?

    -Et ton épouse ?

    -Tu as eu le temps de la juger, depuis notre retour en France elle est désagréable.

    Nous sommes bien reçus par les policiers de Châlons mais ils nous dirigent vers un commissariat de banlieue.

    - Nos collègues vous guideront vers le véhicule, ce sont eux qui ont traité cette affaire.

    Nous apprenons que la voiture a été découverte seulement le 19 janvier, soit une semaine après la disparition d'Anne, personne ne m'avait parlé de ce décalage.

    - Normal, un secteur désert, la Marne en crue, terrain peu propice aux promenades, ce véhicule nous a été signalé par un riverain qui avait déjà aperçu la Clio la veille au matin, il avait attendu le lendemain pour nous prévenir, la voyant toujours à la même place.

    - Elle n'était donc pas à cet endroit le 17, l'avant-veille?

    - Allez savoir,  un brouillard épais noyait  la vallée depuis une huitaine, avec la distance, quant aux traces de pneu,  dans ce secteur elles sont difficiles à déceler, l’endroit est plutôt sablonneux.

    - Le voisin n'avait rien entendu?

    - Non, mais d'autres chemins mènent au bord de la rivière, à partir de la route, il est facile de descendre vers la berge.

    Après avoir décliné nos coordonnées complètes, signé des documents, nous sommes dirigés vers  la fourrière, de nombreux véhicules attendent d'éventuels propriétaires, leur état n'est pas brillant; la petite voiture d'Anne paraît toute pimpante malgré sa couche de poussière blanchâtre.

    Une odeur indéfinissable flotte dans l'habitacle, mon super nez sèche et ne parvient pas à mettre un nom sur ces relents, un parapluie de femme sous le siège, rien dans le coffre.

    - Vous avez vidé cette voiture?

    - Non, nous avons enlevé les papiers que voici, il doit rester une ou deux cartes routières dans le vide-poche, c'est tout.

    En effet, Jean-François découvre deux cartes, un crayon à bille et dix centimes.

    Je pense aux bouteilles d'eau qu'Anne devait transporter au minimum elle, ou alors elle les avait déposées quelque part en passant pour une  nouvelle analyse?

    - Laurent, regarde, deux mégots dans le cendrier.

    - Anne fumait?

    - Je l’ignore, mais cela m’étonnerait ?

    - Des gitanes il me semble.

    - A plus forte raison.

    - Laisse-les en place, nous passons à la gendarmerie pour signaler cette présence incongrue.

    Ca y est, l'odeur, un fruit pourri.

     Je fouille les recoins de l’habitacle et je mets la main sur un amalgame peu ragoûtant, cela ressemble à une pomme entamée  fossilisée.

    - Bien entendu, tu ne sais non plus pas si elle mangeait des goldens?

    - Pourquoi tu arrives à reconnaître  une golden dans ce vieux trognon?

    - Non, mais une pomme je suis à peu près sûr.

    - En admettant que ce soit elle qui ait croqué dans ce fruit, ce serait étonnant qu’elle abandonne le morceau sous le siège.

    - C’est également mon avis, un fumeur mangeur de pommes l’accompagnait.

    Avant de sortir de la ville, Jean-François fait le plein, le voyant s'allumait.

    Au retour, je ne suis plus saoulé par l'amoureux transi mais, ce qu'il peut m'excéder; je lui ai demandé de passer devant moi, supposant que la Clio va moins vite que ma Safrane.  Un fada, gare aux radars, à chaque sortie d'agglomération, je l'ai perdu de vue, il doit ralentir sérieusement pour que je puisse recoller à ses roues; pour corser, il déboule dans la cour de la gendarmerie d'Avigny comme à l'arrivée d'un rallye.

    - L'habitude de conduire en brousse, il ne faut pas ralentir, sur les tôles ondulées, il faut garder le même rythme et puis elle a du jus cette caisse, nerveuse, maniable, agréable, bien envie de l'acheter pour faire de la ville et des petits parcours.

    - Elle a peut-être véhiculé quelqu'un d'autre, un auto-stoppeur, oui, c'est cela, nous la connaissions bien, elle était capable de prendre n'importe qui, un dégoûtant qui a laissé traîné ses restes.

    Toujours aussi décevants ces gendarmes mais ils n'ont pas torts, nous sommes toujours prêts à nous enflammer au moindre indice inhabituel.

    J'arrache une promesse du chef pour qu'il m'avertisse dès qu'il y a du nouveau du côté de Salvati-Desbois

     

    Le garagiste commence son cinéma en examinant la Clio.

    - Une voiture immobilisée plus de six mois, c’est mauvais comme tout, et puis en plein air, en plein soleil, les durits durcissent, les joints s'écaillent, la peinture passe, les câbles se grippent.....

    Jean-François met fin à la litanie et se proposant comme acheteur; du coup, changement de disque.

    - Je vous la révise, change ce qui déconne et vous avez une merveille, vous avez vu,  c'est le modèle haut de gamme, douze mille bornes, une femme en première main, moteur pas brutalisé.

    Si, monsieur le garagiste, je peux vous le garantir, durant les deux cents dernières bornes le pauvre moulin a en enduré plus que dans toute sa vie  de  mécanique.

    Pendant que Jean-François se restaure un peu, je vais rendre compte au dames Parély de la réussite de notre mission, la tante Simone trouve un moyen pour convaincre son neveu de rester en sa compagnie.

    La châtelaine ne pose aucune question, je lui confirme que nous avons récupéré le véhicule et qu’il est au garage.

    Sophie me semble plus détendue que ce matin, elle m'accompagne en sortant et nous bavardons.

    - Bien gentil Jean-François, c’est un brave garçon, il me fait une cour assidue vous avez remarqué.

    - Je le comprends.

    - Je n'ose lui avouer que j'ai un homme dans ma vie, personne n'est au courant, seule Anne le savait, et Amandine,  ce n’est plus une enfant, vous aussi maintenant, je vais faire de la peine à maman.

    - Vous croyez, elle sait que vous ne pouvez continuer à vivre avec le souvenir de son fils et puis je crois savoir que vous étiez séparés avant son accident?

    - Justement, je fréquentais déjà mon ami qui n'est autre que mon associé l'architecte, imaginez la situation.

    Je  conseille à Sophie de tout dévoiler en nuançant si possible, surtout pour éviter les tourments de Jean-François.

    - Merci cousin de vos bons conseils.

    Je redescends vers le village et croise l'ancien maire gai luron qui me barre pratiquement le passage vers la place.

    - Monsieur de "La Gazette Républicaine", ça va toujours? vous vous plaisez bien chez nous, de la bonne air.

    Bien gentil, le pépé,  mais je n'ai pas envie de parler de l'air ni de débiter des paroles oiseuses; et sa bonne air dont il chante les louanges, est un peu parfumée aux vapeurs d'ensilage et aux effluves de lisier.


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