• Les deux clans

    Les deux clans

     

    Les Verdier et les Chaudrin n’étaient pas en bons termes, c’est le moins qu’on puisse dire. La discorde entre ces deux familles d’agriculteurs et propriétaires terriens avaient des origines lointaines et obscures. Chez les Verdier, on accusait les Chaudrin d’avoir spolié des terres, en face, les accusations portaient sur un vol de bétail. Des motifs graves qui provoquaient, de génération en génération, quelques heurts. Jean Verdier et Charles Chaudrin, les patriarches s’étaient déjà frictionnés plusieurs fois le jour de la St Martin. Les fils, Bernard Verdier et Maurice Chaudrin s’étaient également battus dans leur jeunesse ; devenus adultes, ils étaient un peu moins virulents mais, lors de rencontres imprévues, les insultes fusaient de chaque côté. Les deux fermes étaient d’égale importance, plusieurs champs étaient voisins et les litiges portaient souvent sur un empiétement de l’un ou de l’autre. Ils s’accusaient mutuellement de déplacer des bornes, ce qui était le summum de la vilenie. Cette animosité était également tangible chez les femmes, mais c’était plus insidieux, Anne, épouse de Bernard Verdier calomniait Odette épouse de Maurice Chaudrin, la réciproque était de mise.

    C’est dans ce contexte qu’avaient vécu Annette Verdier et Roger Chaudrin et, de la maternelle à l’école primaire, ces deux jeunes suivaient le mauvais exemple en se lançant des piques et parfois des injures. Mais le destin est parfois malicieux, quelques années plus tard, un jour de Pentecôte, alors qu’Annette descendait en vélo du plateau St Martin où se tenait la fête traditionnelle, elle dérapait sur les graviers et chutait. Le premier sur les lieux de l’accident était Roger ; en bon chrétien, il ne pouvait faire autrement que de s’occuper de la blessée. Epongeant le sang qui coulait des genoux de la demoiselle, le jeune homme découvrait un paysage agréable et il était ému. La jeune fille n’était pas insensible aux soins prodigués si gentiment, elle récompensait son sauveur en l’embrassant, c’était le début d’une idylle. Conscients qu’un tel rapprochement entre les deux clans risquait de provoquer un drame, les jeunes gens étaient discrets, mais leurs sentiments allaient crescendo et ce qui devait arriver arriva. Annette ne pouvait se confier qu’à sa grand-mère Marie. Après quelques remontrances, l’aïeule promettait d’arranger les choses.

    -Avant d’en parler dans la famille, je vais voir Simone, la grand-mère de Roger, nous étions amies avant notre mariage.

    Les deux grands-mères réussissaient à convaincre leur tribu respective mais ce ne fut pas sans mal. Il ne fallait plus tarder, le mariage eut lieu trois mois avant la naissance de Jean-Charles Verdier-Chaudrin, l’enfant de la concorde.


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