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    Fables

    Seigneulles (la moissonneuse)

    Michel Lardenois, que je remercie, m’a envoyé trois photos anciennes, me donnant l’autorisation de les publier. Voici la première représentant une moissonneuse-lieuse. C’était déjà une machine imposante, ancêtre des monstres d’aujourd’hui. Son passage dans les rues était remarqué, l’encombrement et le bruit des roues métalliques. Et encore, l’encombrement était réduit pour faire la route, à l’arrivée au champ, pour moissonner, elle subissait un quart de tour. Les tiges de céréale coupées tombaient sur une toile horizontale, puis entraînées sur une autre toile oblique avant de descendre vers le lieur.

    J’aimais regarder le mouvement du lieur. Dès qu’une quantité suffisante de tiges était bloquée contre un taquet, un bras venait lier la gerbe qui, aussitôt faite, était éjectée sur le sol. Les gerbes tombaient toujours à plat, toutes dans la même position et de même grosseur, les femmes et les jeunes les ramassaient pour les mettre en tas. La bobine de ficelle était placée dans un étui. L’engin était tiré par trois ou quatre chevaux, suivant la configuration du terrain. Le siège du conducteur était en fer, percé  de trous, le support, en fer également avait, pour amortir un peu les chocs, une certaine élasticité, c’était le même modèle que pour les autres machines.     


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  • Fables 

     

     Seigneulles (ma filiation)

    Je reviens sur mes ancêtres nés à Seigneulles à partir de Nicolas Degyée né  le 4 août 1758, marié le 19 janvier 1790 et décédé le 3 février 1825. Ensuite sa fille Marie-Anne née en 1804 se marie avec Etienne Maginot le 13 janvier 1824, ils ont une fille, Françoise, la même année le 2 octobre (Un peu en avance ?). Françoise épouse Charles Chanot le 30 décembre 1849, leur fille Marie est née le 25 mars 1859, il y a 152 ans, c’était la mère de ma grand-mère et je l’ai connue.

    L’acte de naissance de Nicolas Degyée ci-dessus en photo, repris ci-dessous.

    Nicolas, fils légitime de Nicolas Degyée le Jeune et de Marie Maginot son épouse est né le quatre et baptisé le cinq août mille sept « cens » quarante huit ; il a pour  parrain Jean Maginot, fils de Jean Maginot et de Anne Degyée, pour marraine, Françoise Degyée, fille de Jean Degyée qui a déclaré ne pas savoir signer.

    Comme vous pouvez le lire, le « petit » Nicolas avait le même prénom que son père et probablement que son grand-père.

     


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  • Bar

    Seigneulles (Bar)

    Pendant mes vacances à Seigneulles, je vais au moins une fois à Bar-le-Duc, accompagnant Marraine. C’est le cousin Bonamy qui nous transporte dans sa camionnette et cette sortie, programmée longtemps à l’avance, est attendue avec impatience.

    Marraine a une liste de commissions pour elle mais aussi pour mes grands-parents, des vêtements et des objets qu’on ne trouve pas chez madame Adèle.

    Le voyage me parait long à aller, plus court au retour et j’ai beaucoup de choses à raconter à mes grands-parents. A Seigneulles, on ne disait jamais Bar-le-Duc, mais seulement Bar. C’était pour moi l’équivalent de Verdun où j’allais plus souvent mais j’avais une nette préférence pour le chef-lieu du département que je trouvais plus agréable. Je me souviens du boulevard de La Rochelle, avec ses nombreuses boutiques et surtout d’excellentes pâtisseries dégustées sur place.  

     


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  • FablesMarcel était commis de culture chez les Varlet depuis belle lurette, il avait commencé tout jeune, du temps où Léon, le père de Jean Varlet tenait encore les manches de la charrue. Un sacré gaillard ce Marcel, toujours le mot pour rire, d’ailleurs il était le premier à rire de ses bêtises. Il aimait bien boire un petit coup mais il aimait surtout que les autres lui payent à boire, un radin comme lui, seul le père Auguste pouvait rivaliser sur le terrain de l’avarice <L’Auguste, il n’y a que la fumée qui sort de chez lui, et encore, avant qu’elle ne s’échappe, il fume ses jambons et ses saucisses>

    Marcel gardait son argent dans sa chambre, bien caché dans une boîte à biscuits, une boîte en fer décorée d’une Alsacienne en costume traditionnel. D’ailleurs, chaque fois qu’il glissait des pièces ou un billet dans son coffre-fort, il ne manquait pas d’embrasser la belle. Avant de procéder à cette opération, il s’enfermait à double tour, des fois que des yeux indiscrets le surprennent. Seulement, c’était sans compter sur la curiosité et la malice de Louisette, la petite bonne embauchée par madame Varlet depuis quelques semaines. La rusée avait bien vite remarqué qu’en se couchant sur le plancher du grenier et en glissant un œil à travers les interstices, elle pouvait voir aller et venir le Marcel dans sa chambre. Ce n’était pas vraiment pour voir un homme se déshabiller, d’ailleurs le commis gardait toujours son caleçon long pour dormir.

    A la fin de la quinzaine, alors que Marcel venait de toucher son salaire, Louisette aperçut le manège. La gourgandine, profitant de l’absence du commis, s’infiltra dans la chambre, sortit la boîte en fer et préleva cent sous. Elle voulait tester l’attention de Marcel, se disant que s’il ne remarquait pas ce prélèvement, elle pourrait faire une ponction plus importante.

     

    -On m’a volé mes cent sous, on m’a volé mes cent sous !

    Des hurlements de cochon qu’on égorge retentissaient dans la grange, dans les écuries, montaient jusqu’au grenier où madame Varlet et Louisette pendaient du linge, l’écho descendaient à la cave où le vieux Léon surveillait la fermentation de ses tonneaux de goutte.

    -T’en fait un ramdam pour cent sous !

    Marcel montrait la boîte vide.

    -C’est tout ce qui me restait.

    Avant de le prouver, Marcel avait pris soin d’enlever le reste et c’était beaucoup.

    -Ils reviendront tes cent sous, ils sont partis faire un tour, prendre l’air, tu ne vas pas faire une maladie pour une si petite somme.

    Profitant d’une nouvelle absence du commis, Louisette pénétrait dans l’antre de Marcel, elle raflait le magot, en prenant soin de laisser cent sous.

    Marcel n’osait se plaindre cette fois, il rongeait son frein, se demandant qui lui avait joué un aussi mauvais tour, il soupçonnait même son patron.

     


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  • Seigneulles (la météo)

    Pour connaître les prévisions métrologiques, il n’y a pas de bulletins à la télévision, d’ailleurs il n’y a pas de télévision. Les prévisions à la radio sont assez vagues et les anciens n’y croient pas vraiment, d’autant plus qu’eux-mêmes sont d’excellents météorologues. Grand-père ne se trompe jamais quand il annonce la pluie un ou deux jours à l’avance, il se base sur plusieurs éléments qui vont de la douleur qui se réveille aux cernes de la lune en passant par le comportement des animaux. Il est capable de dire si l’averse sera de courte durée ou si, au contraire, si le temps maussade va persister plusieurs jours.

    Les plus jeunes du quartier lui demande souvent son avis sur le temps qu’il va faire, c’est bien utile pour les travaux des champs. Il n’est pas le seul ancien à être consulté et les informations se recoupent.


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