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  • La charrue magique

     

    Louis Vignot venait de dépasser les soixante printemps mais il travaillait encore, ce n’est pas sa petite ferme qui lui avait permis de mettre de l’argent de côté, ses terrains éparpillés dans le finage n’étaient pas les meilleurs, loin de là, feu son père ne lui avait pas légué un riche héritage.

    -Tu vas te faire mourir au travail, lui disait sa brave femme Lucienne, loue-moi ces terres.

    -Qui en voudrait, je ne vais pas en tirer un quintal à l’hectare et vendre les terres de mon père pour une bouchée de pain, ça me ferait mal au cœur, encore une année et j’arrête, c’est promis.

    Le plus difficile pour Louis, c’était le labourage, sur ses terrains en pente aux sols caillouteux. C’était difficile aussi pour ses deux braves chevaux, eux aussi commençaient à se faire vieux.

     

    La saison des labours arrivait, Louis préparait sa charrue, suivant les conseils de Marcel, son voisin, il avait acheté un nouveau fer pour le soc.

    -Maintenant on trouve des fers qui résistent bien dans les cailloux.

    Louis débutait toujours par le champ situé au Pas des Genêts, le plus ardu et le plus grand, il en avait au moins pour trois jours.

    Pas de chance, une méchante averse survenait dans la matinée du premier jour, il dételait ses chevaux et rentrait au bercail, trempé jusqu’aux os.

    -C’est passager, demain la terre sera ressuyée.

    Marcel le rassurait.

    Le lendemain, au réveil, Louis avait mal partout.

    -Comme si j’avais pris des coups de bâton.

    -Ne vas pas labourer dans cet état, laisse passer la journée.

    C’était plus sage en effet, même si le soleil était effectivement revenu.

     

    -Elle est bonne celle-là…

    Après une journée de repos, le laboureur venait d’arriver au Pas des Genêts, sa charrue était au bout du sillon comme il l’avait laissée mais le champ était complètement labouré.

    Louis soulevait sa casquette et fourrageait sa tignasse.

    -Un qui s’est trompé de champ peut-être, et c’était un bisoc, du beau travail en tout cas.

    Le paysan voulait en avoir le cœur net, il apercevait au autre laboureur de l’autre côté du chemin.

    -Ca doit être le fils du Raymond, il doit savoir.

    -Ne cherchez pas, vot’charrue est magique, elle a travaillé toute seule, je l’ai vue hier.

    Sébastien riait aux éclats, la main sur le manche de son bisoc tout neuf.

    -Comment te remercier gamin, ton père va t’eng…

    -Mon père ? Je suis majeur, je fais ce que je veux, et puis j’étais pressé de tester mon nouvel outil, un plaisir, vous voulez essayer.

    Louis faisait un tour.

    -C’est de la belle mécanique, mais c’est certainement ma dernière année.

    -Si vous voulez je vous fais le champ Le Bœuf, il est dur aussi et vous me labourez le Poirier-Jean il est plus facile et plus petit.

    Marché conclu, pour sa dernière année, Louis n’avait point trop souffert du labourage.

    Cette histoire était restée secrète, c’est dans ses derniers jours que Louis l’a racontée à ses proches.


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  • Seigneulles (pendant la guerre)

    Le village est un havre de paix, alors qu’à Aubréville la guerre est tangible en raison d’une présence permanente d’un détachement ennemi et du passage de nombreux convois militaires sur la ligne de chemin de fer, à Seigneulles, la guerre semble bien loin, à part l'absence douloureuse de quelques hommes prisonniers. Les restrictions sont moins ressenties, le village vit presqu’en autarcie, la viande ne manque pas, les laitages non plus, les légumes encore moins. Seuls les fumeurs sont restreints mais c’est bon pour leur santé. J’aurais aimé séjourner en permanence à Seigneulles, seulement mes parents refusent, ma mère estime que je suis une charge pour ses parents et que les vacances suffisent. Quand arrive le dernier jour, qu’il faut reprendre la route, je suis triste, mes grands-parents aussi.

    En haut de la côte, avant de descendre sur Rosnes, je regarde une dernière fois le village, je m’imprègne de cette image et je pense déjà aux prochaines vacances.  

     


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  • Seigneulles (le "look" de grand-mère)

    En 1941, grand-mère avait 60 ans, ce qui à cette époque était déjà un âge respectable, elle était vêtue comme les autres femmes de Seigneulles ayant dépassé ce cap, c’est-à-dire d’une grande robe ou jupe descendant à la cheville, de couleur grise ou noire. Le dimanche, pour aller à la messe, la robe était à peine plus courte mais le chapeau était obligatoire pour entrer à l’église. Le soir, « à la fraîche », elle portait un châle sur les épaules, de couleur foncé également.

    Pendant plusieurs années, je la connaissais avec un chignon puis, un jour je l’ai surprise décoiffée. C’était réellement une surprise, ses cheveux lui tombaient dans le dos jusqu’à la ceinture, d’autant plus qu’elle venait de les laver. Je comprenais pourquoi elle passait beaucoup de temps à faire sa toilette, durant cette activité, les hommes avaient l’interdiction d’entrer dans la cuisine qui servait également de salle de bain.

     


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