• La mémoire oubliée

    L’assassin de Simon Chauby arrêté avait également rassuré Pierrot, je le rencontrais au café de la Mairie à Montlieu.

    -Avant de regagner la maison, j’avais demandé que l’on me débarrasse de tout le fourbi accumulé par le frangin, dès fois que l’assassin revienne sur les lieux du crime, des gars de l’armée sont venus, ils m’ont dit que les armes étaient reprises par un musée, ça fait un vide à la maison, j’attends le procès de ce salopard, dommage que la peine de mort soit supprimée, il méritait d’avoir le cou tranché aussi.

     

    Je sursautais, j’étais dans une phase profonde de mon sommeil, la sonnerie du téléphone me tirait de mon rêve, c’est Jean-Pierre, de service au standard des faits-divers.

    -Un incendie à Champbourg, une vieille maison, tu vois ce que je veux dire, je préviens Benoît.

    Pourvu qu’un visiteur n’ait pas laissé tomber un mégot, avec la poussière accumulée depuis des années, non, je n’ai vu aucun homme fumer lors de la visite.

    Je suis à quelques bornes de Champbourg, l’horizon est rougeoyant.

    C’est bien la maison Mazard qui flambe, plusieurs casernes de pompiers sont sur place, essayant de noyer le foyer attisé par un vent assez fort, les flammes sont hautes.

    Beaucoup de monde pour voir ce spectacle, cette fois tous les gens du village sont dehors.

    Le chef de groupe est affairé, je ne peux lui poser de question, les gendarmes sont obligés de faire reculer les badauds qui veulent être au premier rang.

    -Ca sent l’essence !

    Le jeune pompier a raison, l’odeur d’essence brûlée est évidente, et si l’incendiaire avait vidé les jerricans de la scierie dans la maison avant d’allumer une  mèche ?

    Les gendarmes sont présents mais je n’aperçois pas l’adjudant Quentin.

    -Il est en congé, depuis deux jours, nous attendons le lieutenant, m’indique un gendarme.

     

    Une forte explosion accompagne un jaillissement de planches, de morceaux de charpente et de tuile, les badauds reculent en poussant des cris.

    -Il doit y avoir des bouteilles de gaz, méfiez-vous, restez à distance, crie le chef des pompiers.

    Je n’ai vu aucune bouteille de gaz dans la masure, l’incendiaire a mis le paquet pour que tout disparaisse, probablement le revenant, Marcel ou Gabriel ?

    Une deuxième explosion retentit, un peu moins forte, suivie d’une gerbe d’étincelles, le feu redouble de violence, les lances à incendie sont dirigées vers une maison voisine, le mur est copieusement arrosé.

    -Protégeons les voisins, laissons brûler la bicoque.

     

    Comme je le craignais, au petit matin, les pompiers découvraient un corps dans les ruines de la maison Mazard.

    -Un corps calciné, les restes ont été envoyés au labo, m’indique la gendarmerie.

    J’appelle Roger Pierret, lui aussi appréhendait ce scénario macabre.

    -Mais pourquoi ce suicide, s’il s’agissait d’un fils Mazard, il pouvait me contacter, je ne comprends pas, et votre ami le charbonnier qui s’évanouit en croyant voir un fantôme, l’imbécile, en l’accueillant, il pouvait le sauver.

     

    Les résultats du laboratoire concernant le corps me sont communiqués, ils sont succincts, il s’agit d’un homme d’une soixantaine d’années.

    -Du courrier pour toi Laurent, enfin je pense, il n’y a qu’un Passy chez nous.

    La réceptionniste me tend une enveloppe, je comprends la réflexion de Sophie, mon correspondant connait mon prénom officiel, à ma naissance, mes parents m’avaient prénommé Paul sans penser que l’initiale doublée n’était pas très agréable à l’oreille, surtout pour un garçon, c’est Laurent, mon second prénom qui a été adopté. Cette particularité m’occasionne pourtant quelques ennuis, ma carte d’identité indique Paul en priorité.

    J’ouvre fébrilement l’enveloppe…

    Je reconnais immédiatement le papier et l’écriture, une seule phrase sur ce billet : Chalet des Barrettes.

    Que vais-je découvrir dans ce chalet ? Il me faut une clé, je prends la décision de téléphoner à maître Margon, je lui explique la situation.

    -Je vous passe mon fils, moi je ne chasse plus depuis belle lurette.

    Didier se propose de me véhiculer, j’accepte.

    -Rendez-vous à Champbourg, sur la place de la mairie, d’ici une heure, ça vous va ?

    J’invite Benoît pour ce voyage.

    -Tu t’attends à quoi Laurent ?

    -Je l’ignore, peut-être les preuves que l’homme retrouvé dans la maison est bien un fils Mazard, nous allons savoir lequel.

    -Tu devrais inviter le maire de Champbourg.

    Benoît a raison, j’appelle Roger Pierret, il nous attends sur la place.

    Didier Margon est à l’heure, il est au volant d’un 4/4. 

    Je lui apprends que je suis déjà venu sur place.

    -Avec votre voiture ?

    -En partie, j’ai fais le bois à pied.

    -Je m’attends à voir la serrure forcée, cela arrive deux ou trois fois dans l’année, nous avons barricadé la porte arrière mais les vandales parviennent à entrer par la porte avant, par effraction.

    -Vous fréquentez ce chalet en dehors de la saison de chasse ?

    -Nous organisons deux pique-niques en été et nous le prêtons à une société de tir pour leur barbecue.

    -Je me suis permis d’inviter monsieur Pierret, il ne devrait pas tarder.

    -Vous avez bien fait…le voilà !

    Avant de monter dans le véhicule, nos regards convergent vers les ruines de la maison Mazard, mais personne ne dit mot.

     


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 10 Novembre 2011 à 14:54

    Memories are very important for all people. They try to save them all. 

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