• Notre environnement

    La moisson est en avance de trois semaines à Aumetz, les blés sont bons à moissonner, mis à part quelques terrains où la sécheresse a été néfaste, les orges d'hiver ont eu un bon rendement en grains, mais pas en paille.


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  • Notre environnement

    La moisson (3)

    Les ramasseurs de gerbes entrent en action après quelques tours de machine pour confectionner des tas. La technique diffère suivant les régions, la plus courante consiste à planter une première gerbe bien droite, ensuite quatre autres en appui, puis quatre dernières dans les angles. Parfois une dixième au-dessus.

    Les gerbes sèchent avant d’être enlevées mais il arrive, lors d’un été trop pluvieux, qu’il faille aérer l’édifice. Les pires années, et en particulier pour l’avoine, les graines germent sur place.

    Comme pour l’enlèvement du foin, le chariot passe entre deux rangées de tas, le chargeur alimente la personne qui range les gerbes. Le rangement est plus facile que le foin mais il faut disposer les gerbes en les croisant, tout doit se tenir. Une corde pour serrer, avec les mêmes risques de perdre une partie de chargement si il n’a pas été fait dans les règles et si le chemin est creusé d’ornières.

    Le déchargement dans la grange nécessite plusieurs personnes quand la pile monte, les gerbes sont passées en relais.


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  • Le corbeau et la colombe

     

    Tout le monde est d’accord, le corbeau est vilain,

    Avec son habit noir, il est d’une tristesse,

    Quant aux croassements à l’unique refrain,

    Ils ressemblent plutôt à des cris de détresse.

     

    Alors que la colombe a tant de qualités

    C’est l’oiseau de la paix dans une robe blanche,

    Et ses roucoulements sont toujours écoutés,

    Le matin et le soir, du lundi au dimanche.

     

    Mais voilà qu’un beau jour un certain corvidé,

    Découvrit une pie apparemment blessée,

    A la merci d’un chat ou bien d’un canidé,

    Elle risquait la mort, elle était angoissée.

     

    -Je ne peux plus voler, peux-tu me transporter

    Dans un épais bosquet, de charme ou d’aubépine ?

    -J’accepte volontiers mais comment te porter,

    Il faudrait être deux, je cherche une voisine.

     

    Le corbeau vit alors, roucoulant sur un fil,

    Une grosse colombe, d’apparence agréable.

    -Peux-tu pour un instant, suspendre ton babil,  

    M’aider à accomplir une œuvre charitable ?

     

    Surprise du corbeau essuyant un refus,

    -Débrouille-toi tout seul, je ne suis de ta race,

    Je ne fréquente pas d’autres individus,

    A chacun sa famille, à chacun son espace.

     

    Comme on peut se tromper, en jugeant sur l’aspect,

    Sous une robe blanche, une âme est parfois noire,

    Alors qu’un habit noir peut paraître suspect,

    Se cache sous ses plis un esprit méritoire.

     

     


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  • Notre environnement

    IME

    C’était la fête à l’IME d’Aumetz, chaque année, environ 200 jeunes handicapés mentaux venant des IME du secteur s’y réunissent. Après une marche dans les champs et les bois, ils déjeunent dans le parc et ensuite s’amusent. Ils sont dans leur « monde », mais chaque fois je suis touché de voir autant de filles et garçons « pas comme les autres » et je pense aux parents.


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  • Notre environnement 

    La moisson (2)

    Comme pour la fenaison, la machine est sortie du hangar, nettoyée et graissée, les lames de la moissonneuse-lieuse sont à peu près les mêmes que celles de la faucheuse. La machine en action est encombrante et, pour le trajet jusqu’aux champs, un dispositif permet de la tracter dans l’autre sens. Trois ou quatre chevaux sont nécessaires, certaines parcelles sont en pente. Le conducteur est assis sur le fameux siège en fer, il guide les chevaux et surveille la machine.

    Les tiges sont fauchées assez rases, elles tombent sur un tapis roulant, puis entrainées vers le lieur situé à l’opposé du tablier. Elles sont poussées vers une butée, dès que la pression est suffisante, le lieur se déclenche et cercle la gerbe avec une ficelle qui se déroule d’une bobine. Le système est astucieux et fonctionne parfaitement. (Sauf pendant la période de l’occupation, la ficelle était de mauvaise qualité, elle cassait souvent). La gerbe est éjectée et tombe sur à plat sur le sol.


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  • Notre environnement

    L’eau bénite

    -Monsieur le curé, monsieur le curé, le bénitier est presque vide.

    Roger, l’enfant de chœur de service hurlait dans l’église, les quelques bigotes de la paroisse ne vont pas tarder à arriver et, si elles n’ont leur eau bénite quotidienne, elles en feront une maladie, pas comme les fidèles du dimanche qui ne trempent pas leur doigt dans le liquide, qui font semblant, peur d’attraper des infections cutanées.

    Le brave abbé Leduc ne comprenait pas, il avait rempli le bénitier la veille. Il fait plutôt frais dans l’église, l’eau ne s’évapore pas, les vitraux cassés ont été remplacés, les oiseaux ne viennent plus y boire.

    - Pas le temps de bénir de l’eau, prends-en au robinet .

    Le soir, le curé décidait de faire le guet.

    Il passait par la sacristie, remplissait le bénitier à ras bord  et se cachait dans le confessionnal. Alors qu’il allait s’assoupir, la grande porte s’ouvrait doucement. Une ombre se faufilait et, munie d’une louche puisait l’eau bénite dans le bénitier pour la verser dans un récipient. L’abbé Leduc sortait brusquement et bondissait sur le voleur.

    - Vous m’avez fait peur, j’croyons que c’était le diable.

    Fernand, c’était lui, avait lâché la casserole, la « sainte » eau se répandait sur le carrelage.

    -Tu vas m’expliquer .

    Le curé secouait le malandrin.

    - Ben c’est que vous avez toujours de beaux légumes dans vot’jardin et l’Adolphe m’a dit que c’est parce que vous les arrosez à l’eau bénite.

    Les voutes de l’église résonnaient des rires du curé, ont aurait dit un Te Deum.

    -Tu veux que je te livre mon secret, je fais macérer des orties et de la consoude dans de l’eau ordinaire, un excellent engrais naturel, passe demain matin, je t’en donnerai un seau et la recette.

    C’est Adolphe qui faisait une drôle de trombine quelques semaines plus tard en voyant les salades de Fernand. Celui-ci se moquait à son tour.

    - Merci du conseil, camarade, c’est rudement efficace l’eau bénite.

     


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  • Notre environnement

    Nous sommes au mois de juillet, la moisson est proche mais tout dépend du temps. Avant de commencer, l’agriculteur se rend dans les champs pour juger de la maturité des épis. L’exposition, la nature du sol ont une influence, l’orge d’hiver, ou escourgeon est la première céréale à moissonner, viendront ensuite le blé, éventuellement l’orge de printemps et l’avoine. Pour le colza et la navette, c’est variable, en fonction de la floraison du printemps.

    La première opération consiste à dérayer la parcelle pour éviter d’écraser les précieuses tiges avec la moissonneuse-lieuse et bien marquer la limite avec le champ du voisin. Le dérayage se fait manuellement, c’est une tâche pénible sous la chaleur. L’homme fauche avec une faux munie d’un râteau, les tiges sont rassemblées et liées en gerbes soit avec une ficelle, soit avec un lien végétal, une poignée de tiges tressées et nouées. Le lien végétal n’est pas très solide, la gerbe confectionnée de cette manière doit être maniée avec précaution.

     


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  • Notre environnementAvec un peu de retard, la St Jean est fêtée à Aumetz, le traditionnel bûcher s'est enflammé tard dans la soirée.


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  • Le paysan

     

    Ses mains, ses grosses mains calleuses

    Sont les témoins de son travail,

    Labour de terres argileuses,

    Soins attentifs à son bétail.

     

    Sa vie elle est dans ce village,

    Ici, vécurent ses anciens,

    Toujours le même paysage,

    Pour tous ces valeureux terriens.

     

    Ses souliers collent à la glaise,

    Il est tributaire du temps,

    Par les grands froids ou la fournaise,

    Il est au milieu de ses champs.

     

    Son inamovible casquette,

    Ne s’abandonne qu’au coucher,

    A carreaux est sa chemisette,

    Il ne craint pas de la tacher.

     

    A la bouche une cigarette,

    Qu’il doit sans cesse rallumer,

    Et sur son dos une musette,

    Avec son vin et son goûter.

     

    Que de rides sur son visage,

    Des sillons tracés par les ans

    On ne sait pas vraiment son âge,

    Cinquante ou soixante printemps.

     

    Que de bons sens et de justesse,

    Il exprime dans ses propos,

    C’est un homme plein de sagesse,

    Qui doucement courbe le dos.


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  • Le bûcheron

    Le bois est le combustible de tous les ruraux, il est utilisé pour la cuisinière, les fourneaux et la chaudière. Dans les communes forestières, les agriculteurs et les ouvriers « font » eux-mêmes leur bois. Des affouages sont attribués par la commune, il faut abattre les arbres, les débiter et transporter les bûches et les charbonnettes.

    Dans d’autres communes, le bois est acheté à un marchand qui emploie des bûcherons.

    Le bûcheron est un homme solide, les arbres sont abattus à la cognée, une hache à large fer bien affûtée. C’est un métier dangereux, parfois l’arbre ne tombe pas où l’homme l’aurait voulu. Le bûcheron est payé au stère ce qui l’oblige à rester de longues heures en forêt. Il déjeune sur place, devant son feu. Après l’ébranchage, le débit au passe-partout nécessite deux personnes, la femme ou un fils viennent en renfort et il n’est pas rare que les  enfants, souvent nombreux, soient employés à ramasser les branchages pour faire  des fagots.


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  • L’Orage providentiel 

    Sébastien avait peur des orages, surtout quand il était en vacances chez son oncle Adrien. Il faut dire que chez lui, en ville, les orages passaient presque inaperçus, quelques coups de tonnerre lointains, des éclairs à peine plus lumineux que l’éclairage des rues, et puis, bien à l’abri dans l’appartement, il n’y avait aucun risque. A Saint-Jean, c’était différent, les gros nuages noirs annonciateurs d’orage montaient de l’horizon, cachaient le ciel comme une grosse couverture. Les éclairs zigzaguaient dans tous les sens, les roulements du tonnerre grondaient de plus en plus fort, les oiseaux se cachaient, le feuillage des arbres était agité d’un tremblement nerveux.

    - Rentrons avant de recevoir une saucée.

    Sébastien aidait son oncle à ramasser les pommes de terre, des tubercules terreux de toutes les formes et de toutes les grosseurs.

    - Au supermarché, elles sont bien propres et presque toutes pareilles, pourquoi tu cultives toi même.

    - Tais-toi gamin, des patates préfabriquées, poussées en engrais, pas de goût et de quoi attraper des maladies.

    Le jardin était proche de la maison, il fallait traverser le verger où dominait un énorme noyer.

    - Ne passe pas sous les arbres, la foudre tombe toujours sur les arbres.

    La recommandation de l’oncle était inutile, Sébastien rasait le mur de pierres sèches évitant surtout le noyer. Tout de même, depuis trois jours, chaque fois qu’il passait à cet endroit, il regardait vers le sommet de l’arbre, là où une tache rouge et jaune était accrochée.

    - Ca t’embête hein, tu aimerais récupérer ton cerf-volant, c’est de ta faute, je t’avais pourtant dit de le faire voler à découvert.

    L’échelle de l’oncle Adrien était bien trop courte pour atteindre le magnifique objet en forme de papillon que ses parents lui avaient acheté avant qu’ils partent pour les îles grecques.

    - Même l’échelle de nos pompiers ne pourrait arriver au sommet, il faudrait faire venir la grande échelle de Nanteuil, mais les déplacer pour ça...

     

    - Je crois que ça va tomber, regardez comme c’est noir, il faudrait presque allumer la lumière.

    Tante Madeleine attendait les hommes sur le pas de la porte.

    - Enlevez vos chaussures avant d’entrer dans le couloir, je viens de cirer le sol, il faut toujours répéter la même chose avec les hommes.

    Les coups de tonnerre se rapprochaient.

    - Le père Bon Dieu joue aux quilles avec les anges...je vais fermer les volets de devant,  si jamais il tombe des grêlons aussi gros que l’année dernière, ils vont casser les vitres.

    Sébastien aurait aimé se cacher dans un trou de souris, les premières gouttes de pluie tombaient, les éclairs devenaient de plus en plus fréquents et lumineux, le vent se levait.

    - On va en avoir, c’est certain.

     

    Pendant une éternité, les éclairs et les claquements secs s’enchaînaient, le vent sifflait dans la cour, une sarabande infernale, le garçon se bouchait les oreilles, fermait les yeux mais la peur n’évite pas le danger.

     

    Enfin, le vacarme diminuait d’intensité, l’orage s’éloignait.

    - On  va s’en retourner aux patates.

    - Arrête de dire des bêtises Adrien, ça doit être bien trempé.

    - Je n’aurais pas besoin d’arroser les salades...mais j’y pense, j’ai laissé ma veste sur un piquet, Sébastien, tu veux aller me la chercher, j’ai un mal de chien à enfiler mes bottes et surtout à les retirer.

    Plus aucun danger, Sébastien n’hésitait pas, pour rendre service à son oncle.

     

    L’herbe du verger était trempée, heureusement  elle n’était pas haute... Mais, cette branche par terre, et cette tache jaune et rouge... le vent avait cassé une branche du noyer, celle où était accroché le papillon de toile, un miracle.

    - Oncle Adrien, viens voir, mon cerf-volant.

    L’oncle enfilait ses bottes et rejoignait Sébastien, le spectacle en valait la peine ; armé d’un sécateur, il dégageait l’objet de sa prison.

    - Tu vois rien n’est jamais négatif dans la vie, sans cet orage providentiel, ton cerf-volant aurait dépéri dans l’arbre, il aurait fait une triste guirlande à Noël.

     

     


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  • Notre environnement

     

    I.M.E. Aumetz

    Dans un cadre agréable, avec un grand parc boisé et une grosse maison ancienne, s’est installé l’Institut-Médico-Educatif La Sapinière. Un autre bâtiment a été construit à proximité pour abriter les ateliers, les locaux pédagoqiques et le retaurant.

    Cet établissement accueille une trentaine de jeunes déficients mentaux, garçons et filles, ils apprennent un métier avant de rejoindre un CAT ou d’entrer dans une entreprise pour les moins handicapés.

    J’interviens régulièrement dans cet IME au titre de correspondant du RL, j’admire la patience et la gentillesse des éducateurs, il faut avoir la vocation pour œuvrer dans des conditions pas vraiment faciles.

     

     


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  • Les travaux d’aiguille

    En été, les femmes travaillent dehors. Elles se mettent à l’ombre et sont abritées par leur hâlette. Les travaux d’aiguille sont multiples, en majorité utiles, à commencer par le reprisage des chaussettes. Une sorte d’œuf en bois est glissé dans la chaussette pour réparer le talon. Reprise aussi des vêtements, beaucoup de pantalons ont des pièces, ce n’est pas très esthétique mais c’est économique. Le tricot est une activité importante, avec la layette pour les bébés, les chaussettes, les pulls et les cache-nez. Des travaux de broderie, la dentelle borde souvent les nappes, les rideaux. Les plus habiles confectionnent des robes, des jupes et des corsages.

    Le bruit des aiguilles à tricoter est couvert par les discussions, ponctuées parfois par des éclats de rire. Les hommes sont exclus de ce cercle et les enfants sont priés d’aller jouer un peu plus loin.


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  • Notre environnement

    J’écris au gré du vent

     

    J’écris au gré du vent, au gré de mon envie,

    Des mots sans importance ou quelques vérités,

    Je parle de l’amour, de la mort, de la vie,

    Des oiseaux et des fleurs, de toutes les beautés.

     

    Je regarde le ciel, les étoiles, la lune,

    J’y vois se dessiner de tendres souvenirs,

    Un sourire engageant, le regard d’une brune,

    Un horizon sans fin aux lointains avenirs.

     

    J’y vois une forêt aux arbres séculaires,

    Des champs et des vergers, de verdoyants coteaux,

    Des fermes, des maisons, la rivière aux eaux claires,

    Et un vieux pont de bois entouré de roseaux.

     

    J’entends une voix douce, une tendre romance,

    Des refrains d’autrefois et des rires joyeux,

    Je retrouve le temps de mon adolescence,

    Je suis au paradis et je ferme les yeux.


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  • Notre environnement

     


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  • Le crédit (années 40/50)

    Pour ses travaux, l’artisan est payé au comptant, en liquide naturellement, le chèque n’est pas courant, la carte bancaire inexistante. Il arrive que le cultivateur éprouve quelques difficultés à régler la facture immédiatement, en raison d’une mauvaise récolte ou d’une baisse de la production de lait due à la sécheresse ou à la maladie du cheptel.

    -Tu peux me faire crédit, tu seras payé dès ma livraison de blé à la coopérative ?

    L’artisan refuse rarement, d’ailleurs si le client a mauvaise réputation, ce qui est rare, il lui demande un règlement à l’avance. Parfois le cultivateur vend une génisse ou une vache pour payer sa dette, il n’aime pas devoir de l’argent.


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  • Notre environnement

    Fête de la Musique

    La Fête de la Musique à Aumetz est l’une des plus importantes de Moselle, chaque année une vingtaine de groupes musicaux se produit sur deux scènes dont une extérieure, les auditeurs sont nombreux et de toutes générations. Coup de chance hier soir, il faisait doux et pas une goutte de pluie.

     


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  • Notre environnement

    Pour retrouver un ciel bleu !

    C'était il y a deux mois


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  • Le lait (2)

    La totalité du lait produit n’est pas vendue à la laiterie-fromagerie. Une partie est gardée pour la consommation familiale, le lait est la boisson du petit-déjeuner, et puis il sert à confectionner des pâtisseries et autres préparations culinaires. Il peut être transformé en crème, fromage blanc et même en beurre.

    Il est aussi acheté par les non-agriculteurs, chaque soir, les voisins viennent avec leur pot et en achètent des quantités variant en fonction de leurs besoins familiaux. Cet achat est souvent payé au mois. 

    Ce rituel quotidien est aussi une bonne occasion pour se rencontrer et parfois les conversations durent longtemps, pendant que la fermière continue à traire.

     


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  • Notre environnement

    Le Verger du Grand-père

     

    - Regarde ma chérie, les cerises commencent à rougir, d’ici quelques jours, je pourrai t’offrir de jolies boucles d’oreille.

    Emilie se souvenait de l’an dernier, des paroles de son grand-père, cette année il ne pourrait plus lui faire de telles promesses, il était parti pour le grand jardin, celui dont on ne revient jamais.

    De gros nuages noirs passaient dans les yeux bleus de la petite fille, puis le soleil revenait à nouveau, ce doux soleil de printemps qui caressait les fruits rougissants.

    - Tu attends que les cerises soient mûres ?

    Emilie sortait brusquement du cours de ses pensées, cette voix semblait provenir du feuillage de l’énorme cerisier. La demoiselle levait les yeux vers le sommet de l’arbre mais elle ne voyait personne  perché sur les branches.

    - Ce n’est pas l’arbre qui parle, les arbres ne parlent pas, se disait-elle.

    Pourtant, à un endroit précis, le cerisier était agité par un léger frémissement, comme si un courant d’air s’obstinait sur une branche chargée de fruits.

    - Tu me cherches mignonne demoiselle, regarde derrière toi à présent.

    Se retournant, Emilie ne voyait qu’un oiseau noir perché sur un poteau, tenant dans son bec une cerise.

    - C’est toi qui parle petit corbeau ?

    L’oiseau secouait la tête de haut en bas, comme pour dire oui, puis il avalait tout rond le fruit et rouvrait le bec.

    - Petit corbeau ? Tu es bien une fille de la ville, tu ne sais pas faire la différence entre un vilain corbeau croassant et un merle chanteur tel que moi, écoute ma chanson.

    Le merle noir sifflait le début d’une rengaine qu’Emilie reconnaissait, elle l’entendait souvent sur la radio de sa grand-mère.

    - C’est bien moi qui te parle jeune fille, c’est bien moi.

    Emilie reculait vivement de deux pas au risque de tomber en arrière, elle était apeurée, un oiseau, fut-il merle chanteur, capable de tenir une conversation, cela n’existe pas.

    - Je rêve, j’ai déjà entendu des perroquets parler, mais ils ne font que répéter les mêmes phrases, et d’une voix nasillarde...mais dis-moi merle noir chanteur et parleur, tu viens de manger une cerise qui appartient à grand-mère, qui t’as donné la permission ?

    Sautant de son perchoir, sautillant de droite à gauche puis d’avant en arrière, le drôle d’oiseau se moquait bien des remontrances de petite fille, d’ailleurs son babillage ressemblait à un rire.

    - Permission, permission ! tu m’amuses, crois-tu que je dois demander une autorisation aux propriétaires de jardins et de vergers pour manger quelques petits pois, picorer des fraises et me gaver de cerises ? Sache que mes ancêtres étaient sur ce territoire bien avant les tiens, quand il n’était couvert que de forêts et d’étangs...et puis je mange aussi des insectes, je suis utile moi, j’ai bien droit à un dessert de temps en temps...

    Le merle continuait sa sarabande, s’éloignant puis se rapprochant.

    - Bon puisque c’est ainsi, moi et les miens ne mettront plus les ailes dans ce verger, les fruits à peine mûrs seront la proie des mouches, et sais-tu ce que font les vilaines mouches ? elles pondent des œufs dans la chair même des cerises, des prunes et des pommes, ces œufs éclosent et deviennent d’affreux vers jaunes ou roses constamment agités, tu retrouveras ces dégoûtants personnages en ouvrant les fruits, pire, tu risques d’en avaler sans  t’en apercevoir, et, comme tu n’es pas un oiseau, ton estomac ne supportera pas un tel régime, tu seras malade, tu vomiras…pouah !

    Emilie réfléchissait, elle se souvenait que les années précédentes, son grand-père pestait contre les maudits volatiles qui sans vergogne venaient dépouiller son cerisier.

    - Utile, c’est toi qui le dis, tu abimes dix cerises pour n’en manger qu’une seule, regarde par terre, le désastre.

    Le merle déployait ses ailes et venait s’installer sur une branche basse, à hauteur du visage d’Emilie.

    - J’avoue que je suis gourmand, et puis un peu maladroit.

    - Et puis tu n’attends pas qu’elles soient vraiment mûres.

    - Quand il fait chaud, seulement quand il fait chaud, les fruits un peu acides sont plus rafraîchissants...mais pour te faire plaisir, je ne mangerai que ceux qui se trouvent tout en haut de l’arbre, ceux que tu ne peux atteindre, toi, puisque tu n’as pas d’ailes.

    L’oiseau battait des ailes, manifestement, il se moquait de la demoiselle.

    - Je vais demander à mes amis de respecter ce pacte, nous te laisserons intactes les cerises accessibles.

    - Merci monsieur le merle noir, vous êtes bien aimable.

    L’oiseau n’avait pas attendu de merci, il s’était envolé vers le ciel, sifflant une autre rengaine.

    - On dirait la chanson que papy sifflait l’an dernier.

    Emilie était troublée, elle s’asseyait dans l’herbe et fermait les yeux, il lui semblait que le bon grand-père était tout près, elle entendait sa respiration, elle sentait l’odeur de tabac.

    - Vous m’avez fait peur.

    Deux merles, un noir et un gris tournoyaient autour d’elle, en un éclair l’un et l’autre déposaient deux pendants de cerises sur ses oreilles.

    - De la part de ton grand-père.

    Rapidement, les deux compères disparaissaient.

     

    - Comment, mademoiselle dort, ce n’est pourtant pas l’heure.

    Emilie se frottait les yeux, sa grand-mère se tenait devant elle, avec son beau sourire et son doux regard.

    - Quel drôle de rêve je viens de faire.

    En prononçant ces mots, la petite fille portait les mains à ses oreilles...les pendants étaient bien là.

    - Où as-tu cueilli ces magnifiques cerises ? Elles sont bien rouges, elles viennent du sommet c’est certain, là où le soleil hâte le mûrissement.

    Emilie regardait vers le faîte du cerisier, des merles par dizaine picoraient à qui mieux mieux, elle semblait distinguer celui qui avait parlé, mais allez donc reconnaître un oiseau à une telle distance.

    - Regardez-moi ces vandales, ils ne vont rien nous laisser, je ne pourrai pas même de faire un clafoutis.

    La brave grand-mère avait tort de se lamenter, tous les oiseaux du quartier avaient évité les branches du bas, quelques jours plus tard, Emilie pouvait se régaler de clafoutis et s’offrir d’autres pendants d’oreilles, mais aucun fruit n’avait la couleur éclatante de ceux offerts par le couple de merles, d’ailleurs elle les avait gardés, enfermés dans une petite boîte, ils semblaient ne jamais se gâter.

     

     

     

     


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