• Les cent sous du Marcel (C)

    FablesMarcel était commis de culture chez les Varlet depuis belle lurette, il avait commencé tout jeune, du temps où Léon, le père de Jean Varlet tenait encore les manches de la charrue. Un sacré gaillard ce Marcel, toujours le mot pour rire, d’ailleurs il était le premier à rire de ses bêtises. Il aimait bien boire un petit coup mais il aimait surtout que les autres lui payent à boire, un radin comme lui, seul le père Auguste pouvait rivaliser sur le terrain de l’avarice <L’Auguste, il n’y a que la fumée qui sort de chez lui, et encore, avant qu’elle ne s’échappe, il fume ses jambons et ses saucisses>

    Marcel gardait son argent dans sa chambre, bien caché dans une boîte à biscuits, une boîte en fer décorée d’une Alsacienne en costume traditionnel. D’ailleurs, chaque fois qu’il glissait des pièces ou un billet dans son coffre-fort, il ne manquait pas d’embrasser la belle. Avant de procéder à cette opération, il s’enfermait à double tour, des fois que des yeux indiscrets le surprennent. Seulement, c’était sans compter sur la curiosité et la malice de Louisette, la petite bonne embauchée par madame Varlet depuis quelques semaines. La rusée avait bien vite remarqué qu’en se couchant sur le plancher du grenier et en glissant un œil à travers les interstices, elle pouvait voir aller et venir le Marcel dans sa chambre. Ce n’était pas vraiment pour voir un homme se déshabiller, d’ailleurs le commis gardait toujours son caleçon long pour dormir.

    A la fin de la quinzaine, alors que Marcel venait de toucher son salaire, Louisette aperçut le manège. La gourgandine, profitant de l’absence du commis, s’infiltra dans la chambre, sortit la boîte en fer et préleva cent sous. Elle voulait tester l’attention de Marcel, se disant que s’il ne remarquait pas ce prélèvement, elle pourrait faire une ponction plus importante.

     

    -On m’a volé mes cent sous, on m’a volé mes cent sous !

    Des hurlements de cochon qu’on égorge retentissaient dans la grange, dans les écuries, montaient jusqu’au grenier où madame Varlet et Louisette pendaient du linge, l’écho descendaient à la cave où le vieux Léon surveillait la fermentation de ses tonneaux de goutte.

    -T’en fait un ramdam pour cent sous !

    Marcel montrait la boîte vide.

    -C’est tout ce qui me restait.

    Avant de le prouver, Marcel avait pris soin d’enlever le reste et c’était beaucoup.

    -Ils reviendront tes cent sous, ils sont partis faire un tour, prendre l’air, tu ne vas pas faire une maladie pour une si petite somme.

    Profitant d’une nouvelle absence du commis, Louisette pénétrait dans l’antre de Marcel, elle raflait le magot, en prenant soin de laisser cent sous.

    Marcel n’osait se plaindre cette fois, il rongeait son frein, se demandant qui lui avait joué un aussi mauvais tour, il soupçonnait même son patron.

     


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  • Commentaires

    1
    Chriscol Profil de Chriscol
    Dimanche 20 Février 2011 à 11:48

    Aie ! J'ai corrigé quelques fautes,  bon dimanche.


    Christian

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