• Le mai du bonheur

    Le mai du bonheur

     

    Dans ce petit village, une tradition perdurait. Durant la nuit du 30 avril au 1er mai, les jeunes hommes plantaient des « mais » sur le toit des maisons où résidait une fille. Il s’agissait de branches prélevées sur les arbres de la proche forêt, de préférence des rameaux de charme. Quelque fois c’était une branche de sapin, mais c’était déshonorant et le père de la fille s’empressait de l’enlever dès le petit matin, l’absence de mai était moins humiliant.

    La tradition voulait que le lendemain, les jeunes soient reçus dans chaque foyer « décoré », pour un café, un verre de cidre ou de vin. Cette année-là, la bande de joyeux lurons avaient, comme d’habitude emprunté quelques échelles laissées volontairement à disposition. « N’abimez pas mes chanlattes surtout, pas comme l’année passée », recommandait  Gaston, le père de Lucie.

    « Si on mettait un mai à Marion ? »

    Drôle d’idée, Marion Leroux venait de dépasser la trentaine, un âge qui n’est plus celui d’une jeune fille.

    « Elle a coiffé Ste Catherine depuis longtemps, pourtant elle est jolie ! »

    Pour s’amuser, l’idée avait été retenue et la bande avait choisi une branche de charme bien touffue.

    Le lendemain, après la tournée habituelle, les garçons s’étaient retrouvés dans la ruelle, face à la maison des Leroux, ils voulaient voir la réaction du père.

    « Il est sorti  acheter son pain, c’est quand  il va revenir qu’il va voir le mai, il va faire une attaque »

    Monsieur Leroux était revenu, il n’avait même pas levé les yeux en l’air, déception de nos gaillards.

     

    « Alors qu’attendez-vous les gars, Marion a préparé du café et j’ai acheté des croissants ! »

    Une courte hésitation puis la bande entrait chez les Leroux.

    Marion les attendait dans la cuisine, elle était rayonnante.

    « Merci les garçons, vous ne pouvez savoir comme votre attention me fait plaisir, je profite de votre présence, je vous invite tous à mon mariage, fin septembre… »

     

     


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  • Commentaires

    1
    Lundi 11 Avril 2011 à 17:01

    Cette histoire est charmante! Les "mai" se perpétuent toujours à Seigneulles, et il est désormais amusant de voir les habitants du village, le lendemain matin, venir rechercher divers objets "dérobés" dans leurs jardins et entassés dans la cour de l'ancienne école!

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    2
    Chriscol Profil de Chriscol
    Mardi 12 Avril 2011 à 09:47

    Bonjour Sandra,


    Seigneulles est certainement l'un des derniers villages de Meuse à garder la tradition du Mai  accompagnée par un "chambard", c'est sympathique.

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